
Les agriculteurs, constitués en organisations paysannes, s’organisent pour améliorer l’intégration des agriculteurs familiaux dans le marché en proposant des services variés (organisation de la commercialisation des productions, approvisionnement en intrants, accès à l’information, services financiers…).
Afin d’assurer ce développement, l’agriculture doit mobiliser des financements (crédit de campagne, warrantage, stockage, fonctionnement, investissements (équipement, locaux, etc.)).
Malgré la forte évolution de l’offre de services financiers ruraux permis par la microfinance, l’accès à des financements adaptés et pérennes reste une contrainte majeure du développement des agricultures familiales (10% des crédits attribués aux secteurs de l’économie vont vers l’agriculture, et seuls 2% de ces crédits sont consacrés à l’agriculture familiale). De plus, les offres sont essentiellement orientées vers le crédit de campagne (court terme), et négligent encore trop souvent les crédits d’équipements à moyen et long terme.
« Le besoin de financement extérieur existe depuis longtemps. Les producteurs ne parviennent pas à vendre le cacao au niveau local à un prix rentable. Et pour accéder au marché de l’export, il faut disposer de fonds suffisants et bénéficier d’un crédit pour financer toute l’opération. Ces crédits sont très peu accessibles localement pour les organisations paysannes. »
Globalement, de nombreux freins pèsent sur le développement des services financiers pour le secteur agricole. Du côté de l’offre on peut pointer la méconnaissance du secteur agricole par les acteurs financiers (manque de données technico-économiques, diversité des activités, produits financiers peu adaptés, risques mal appréciés). Les offres sont souvent peu adaptées aux besoins et capacités des acteurs (montants, taux, différés, systèmes de garanties, …) et il est difficile d’évaluer la crédibilité des OP (gouvernance, fiabilité financière, …).
« Les possibilités de financement existent localement, mais les contreparties et les garanties qui sont demandées sont trop contraignantes et trop élevées pour les organisations paysannes. Les taux d’intérêts locaux sont trop élevés et les établissements financiers demandent des garanties qui sont inatteignables pour nous. »
Du côté de la demande (agriculteurs et leurs organisations), il existe une certaine méfiance à l’égard des acteurs financiers, dû au manque de culture financière et de formation des bénéficiaires (méconnaissance des acteurs financiers, de leurs offres, des mécanismes de crédits etc.).
« La Conaprocam met aujourd’hui en place des formations pour ses coopératives membres. Avec l’appui d’Afdi, et notamment par les échanges paysans, cela permet un accompagnement sur le volet financier, qui n’est pas toujours bien maîtrisé par les organisations paysannes.»
En effet, la Conaprocam a pu bénéficier de l’appui et de l’expertise de Michel Alemps, bénévole d’Afdi Bourgogne-Franche-Comté et ancien salarié du Crédit Agricole.
Consolider les revenus des producteurs et les capacités financières des coopératives par la mise en place d’un service d’exportation de cacao
Pour les membres de la Conaprocam, la problématique principale est de pouvoir augmenter leurs revenus. « Ils pratiquent en effet une agriculture essentiellement vivrière, ils consomment l’essentiel de leur production et le surplus est revendu ». L’enjeu est d’augmenter les revenus issus de ces ventes.
Afin de répondre au besoin de ses membres, la Conaprocam a lancé une réflexion sur la mise en place d’une procédure de commercialisation à l’export, avec l’appui d’un système de financement par un organisme de finance solidaire, la Sidi (Solidarité internationale pour le développement et l‘investissement).
« Le recours à la Sidi a permis d’apporter un financement. Cela permet à la Conaprocam d’avoir un crédit pour rémunérer les producteurs, au moment de la récolte et en attendant que le processus d’export se finalise. »
Schéma de mise en place du service d’exportation de cacao de la Conaprocam
Cette opération à l’export devrait permettre « une meilleure rémunération des producteurs, d’améliorer la maîtrise de la chaîne de commercialisation et on l’espère d’augmenter les ressources internes de l’ organisation paysanne et des coopératives ». Les échanges avec la Sidi pour mettre en place cette opération à l’export datent de 2018. En 2022, une coopérative test a été désignée, pour une opération qui concerne 25 tonnes de cacao.
« Si cela fonctionne, on passera à 75 tonnes. En tant normal, la coopérative fonctionne avec 300 tonnes de cacao, l’idée est de faire une opération test, que l’on généralisera plus tard si les résultats sont bons. »
Il est enfin important de souligner que ce type de procédure est « longue, elle demande beaucoup de rigueur et de travail pour les organisations paysannes qui souhaitent se lancer à l’export. Il faut être prêt à se lancer dans un processus exigent. »
Si les organisations paysannes et leurs partenaires ont développé des initiatives pour lever les freins liés à l’accès au financement et mettre en place des mécanismes plus adaptés aux activités agricoles, il reste malgré tout difficile pour les agriculteurs familiaux d’accéder à ces financements, et les besoins d’accompagnement demeurent importants.
Pour en savoir plus sur les activités de la Conaprocam, dans le cadre de son partenariat avec Afdi Bourgogne-Franche-Comté : Cameroun - Conaprocam | Afdi BFC