
Afdi BFC est membre d'un réseau Afdi dont la tête de réseau est basée à Paris. Le réseau Afdi c'est :
C'est également une présence dans différents pays à travers le monde :
L’année 2025 marque les 50 ans d’Afdi, Agriculteurs français et développement international. C’est l’occasion de revenir sur l’histoire singulière de cette aventure collective, née de l’engagement d’agriculteurs désireux de bâtir des ponts entre les mondes agricoles de différents pays et continents.
L’année 2025 marque les 50 ans d’Afdi, Agriculteurs français et développement international. C’est l’occasion de revenir sur l’histoire singulière de cette aventure collective, née de l’engagement d’agriculteurs désireux de bâtir des ponts entre les mondes agricoles de différents pays et continents.
Depuis sa création en 1975, Afdi a poursuivi un chemin unique, tissé de coopérations directes entre paysans et entre organisations professionnelles agricoles, de respect mutuel et d’apprentissage partagé. À travers ces cinq décennies, des femmes et des hommes ont oeuvré avec conviction pour faire vivre une solidarité agricole fondée sur le dialogue, l’échange et la reconnaissance des savoirs locaux.
Cette année, Paroles paysannes rend hommage à celles et ceux qui ont façonné cette histoire. Ce premier numéro de l’édition spéciale est consacré à Robert Duclos, premier président d’Afdi, témoin et acteur du développement de cette coopération entre agriculteurs.
Âgé aujourd’hui de 92 ans, Robert Duclos garde une mémoire précise et vive de ces moments fondateurs. Agriculteur en activité dans les années 1960, il s’ouvre aux questions internationales grâce à des rencontres marquantes, notamment avec de jeunes agriculteurs venus d’Afrique. Ces échanges, loin d’être anecdotiques, ont été pour lui révélateurs.
« C’était un jeune Camerounais qui voulait créer un centre de formation agricole dans son village », se souvient-t-il. « Il m’a invité à venir voir, et, en 1971, je suis parti au Cameroun. J’y ai retrouvé une ambiance que j’avais connue moi-même dans ma jeunesse, celle d’une agriculture familiale encorepeu mécanisée, mais pleine d’ingéniosité et de solidarité ».
Ces premiers pas sur le continent africain l’ont profondément marqué. Il prend alors conscience del’universalité du métier d’agriculteur : « Peu importe la langue ou le pays, les paysans partagent lesmêmes fonctionnements, les mêmes réflexes, la même manière de voir le monde ». À cette époque, l’aide au développement empruntait principalement des canaux institutionnels, parfoiséloignés des réalités vécues sur le terrain. Pourtant, certains acteurs agricoles entrevoient alors la possibilité d’un autre modèle de coopération : plus directe, plus humaine, et fondée sur l’écoute des besoins exprimés par les agriculteurs eux-mêmes.
Le moment décisif survient en 1973, alors que la région du Sahel est frappée par une sécheresse dramatique. Face à cette situation, « la FNSEA lance une opération inédite baptisée « un millième », invitant chaque agriculteur de France à consacrer une part symbolique de son chiffre d’affaires – un millième – à l’aide alimentaire pour les paysans sahéliens ». La mobilisation dépasse toutes les attentes. Les fonds collectés sont importants, et très vite, une question se pose : comment organiser cette aide de manière efficace, responsable et pérenne ? « Il a fallu mettre en place une logistique pour acheminer cette aide, mais aussi des relais locaux pour garantir qu’elle arrive bien là où il le fallait […] C’est cette dynamique collective, tant en France qu’en Afrique, qui a démontré la force du lien paysan. » explique Robert Duclos.
L’élan est tel que la FNSEA décide de créer avec le CNJA, l’APCA et la CNMCCA une structure dédiée pour pérenniser cet engagement. Ainsi naît Afdi en 1975. Robert Duclos est élu président fondateur, il sesouvient : « Je suis devenu président d’Afdi, avec une conviction : engager les paysans français à appréhender les enjeux agricoles et accompagner les paysans d’Afrique ». Dès sa création, Afdi se donne aussi une autre mission, complémentaire : sensibiliser et engager les (futurs) professionnels du monde agricole à la solidarité et au partenariat international.
Dès les premières années, Afdi affirme une ligne claire : la solidarité ne doit pas se limiter à des aides ponctuelles. Il s’agit de contribuer à structurer, dans la durée, des organisations paysannes solides, capables de représenter les intérêts des agriculteurs et de porter leurs revendications.
« À l’époque, en France, il y avait beaucoup d’exploitations familiales. Le monde rural connaissait une mutation profonde, mais la force des syndicats permettait de faire entendre la voix desa griculteurs. En Afrique, les paysans étaient souvent isolés, sans structure professionnelle pour les accompagner ».
Le rôle d’Afdi est de promouvoir les initiatives locales, de favoriser les échanges d’expériences et desoutenir la création d’organisations paysannes autonomes. « Les subventions seules ne suffisent pas. L’enjeu est organisationnel. Il faut accompagner les paysans pour qu’ils puissent, ensemble, répondre aux défis de la production, de la commercialisation, de la formation ».
Ce qui distingue Afdi, dès ses origines, c’est sa volonté de construire une relation d’égal à égal entre les agriculteurs, sans hiérarchie implicite. Ce positionnement tranche avec d’autres approches alors dominantes dans le paysage de l’aide internationale.
« On ne voulait pas être une ONG comme les autres. L’idée, c’était vraiment l’échange, la réciprocité. Les agriculteurs français avaient aussi à apprendre. »
Cette vision s’est traduite par la mise en place de partenariats durables, ancrés dans les territoires. Elle apermis de tisser des liens de confiance entre partenaires, fondés sur la reconnaissance des savoirs paysans, sur l’écoute et la co-construction.
Cinquante ans plus tard, Robert Duclos continue de suivre avec intérêt les actions d’Afdi. « Ce qui me frappe, c’est la continuité. Bien sûr, les méthodes ont évolué. Mais les orientations restent lesmêmes : appuyer les organisations agricoles, donner aux paysans les moyens de s’exprimer, de s’organiser, d’innover ».
La pérennité d’Afdi repose sur un ancrage fort dans le monde professionnel agricole, en France comme à l’international, et sur la capacité d’appréhender les contextes et les évolutions des organisations paysannes, afin de contribuer au mieux à leurs priorités stratégiques, et de s’adapter de manière constante aux nouveaux défis – qu’ils soient climatiques, économiques, sociologiques ou politiques.
Interrogé sur l’avenir, Robert Duclos se montre confiant : « Afdi continuera de jouer un rôle essentiel, tant que le dialogue entre les agricultures restera au coeur de son action. Le monde change, mais les besoins de solidarité, eux, ne disparaissent pas. »
Il évoque les enjeux à venir : la transition agroécologique, la lutte contre les inégalités, la défense de l’agriculture familiale, la place des jeunes dans les exploitations, le rôle des femmes dans la vie paysanne. « Il y a encore tant à faire. Mais les bases sont là. »
Réflexion autour de l'avenir de la production laitière en Afrique lors du Sommet mondial du lait d'octobre 2024.
Lors du Sommet mondial du lait de la Fédération Internationale Laitière (FIL), qui a eu lieu en octobre 2024, une table ronde coorganisée par Afdi et la Fondation FARM, en collaboration avec le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (CNIEL) et FranceAgrimer, a traité de la durabilité des systèmes laitiers en Afrique, en particulier en Afrique de l’Ouest et à Madagascar. Cet événement a permis d'explorer les impacts sociaux et économiques ainsi que les opportunités liées à la durabilité environnementale des systèmes laitiers.
Le changement climatique représente un défi majeur pour les éleveurs et transformateurs. Christian Judicaël Rabotovao, éleveur à Madagascar, a souligné l'impact de l'allongement des saisons sèches sur la production. De même, Akhaye Khalil, transformatrice de lait au Tchad, a évoqué les difficultés de transformation dues à l’instabilité climatique. Les éleveurs font face à des défis de génétique animale, et l'amélioration génétique est essentielle pour adapter les races locales aux conditions climatiques. Ibrahim Diallo, président de l’Union nationale des Mini-laiteries et des Producteurs de Lait au Burkina, a rappelé que le lait est un produit stratégique pour la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest, soulignant la nécessité de renforcer le système d’élevage pour améliorer la compétitivité et la qualité des produits locaux.
Afdi soutient la transformation artisanale, un secteur clé pour les femmes rurales. Zénabou Sambo, productrice de fromages au Bénin, a partagé ses défis liés au manque d'équipements adaptés. Au Tchad, les contraintes d'infrastructure compliquent la conservation du lait, limitant les opportunités de transformation.
Le marché africain est également confronté à une saturation par des importations de poudre de lait, qui freinent le développement des laiteries locales. Jean Daniel Cesaro, chercheur au Cirad, a souligné que ces produits bon marché découragent les producteurs locaux.
L'Afrique de l’Ouest a un potentiel significatif pour développer une filière laitière durable, mais cela nécessite un engagement fort des secteurs public et privé. Zénabou Sambo a mis en avant l'importance des formations offertes par des associations comme Afdi pour améliorer les méthodes de transformation.
Afdi s'engage à promouvoir une agriculture familiale durable en Afrique, en soutenant des projets qui améliorent la résilience des producteurs face aux changements climatiques. La table ronde a également permis d'aborder des solutions concrètes, telles que le renforcement des capacités des coopératives agricoles et le développement de programmes de microfinancement.
Comme l’a souligné Ibrahim Diallo, la question du lait est essentielle pour la souveraineté alimentaire et la création d’emplois. Les défis sont amplifiés par le changement climatique et la compétition avec les produits importés.
Afdi travaille en collaboration avec les coopératives agricoles en renforçant les capacités des producteurs et en promouvant des pratiques durables. Bio Goura Soulé de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a conclu la table ronde en rappelant que la souveraineté alimentaire est une nécessité, demandant une réforme urgente des systèmes d’élevage et des politiques commerciales.
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