
Le 15 mai dernier s’est tenue la 46ème assemblée générale d’Afdi BFC dans l’amphithéatre d’Agro Campus Dijon à Quetigny (21), sous la présidence d’Etienne Degay. 53 participants été présents pour cette journée de retrouvailles des bénévoles et sympatisants d’Afdi.
La matinée a été consacrée aux rapports financier 2024 et prévisionnel 2025 ainsi qu’au rapport d’activités 2024 avec une revue des faits marquants de l’année. Le bilan de l’année est ainsi présenté, notamment les activités de sensibilisation en milieu scolaire agricole, les deux voyages d’études et les deux nouveaux partenariats au Togo. La grande incertitude concernant les financements à l’horizon 2026 est évoquée à l’assemblée pour sensibiliser les membres sur l’importance d’une diversification des financements. Puis l’après-midi, 15 élèves de BTS ACSE et une enseignante, ainsi que la présidente et le directeur de l’établissement étaient présents pour participer à la table-ronde. Celle-ci avait pour thématique :
La coopérative Dijon Céréales travaille sur un nouveau débouché pour l’oignon sénégalais
La fin de matinée a été consacrée à la présentation par Didier Lenoir, Président de la coopérative Dijon Céréales, soutien important d’Afdi BFC, du projet de valorisation de leur ancien four de déshydratation d’oignon au sein d’un projet d’investissement sénégalais. Le Sénégal est un grand producteur d’oignons mais jusqu’à un tiers de la production peut être perdue faute d’acheteurs selon les années. Le projet de SAF Ingrédients, co-financé par la banque mondiale a permis de monter une usine de déshydratation de grande capacité, unique en Afrique subsaharienne pour contribuer à absorber les surplus de production de plusieurs milliers de producteurs dans la vallée du fleuve Sénégal au Nord du pays, avec un prix lissé sur l’année. Dijon Céréales en est actionnaire et l’usine devrait être mise en service courant 2025.
La prise de responsabilités des agricultrices dans les organisations professionnelles : témoignages et perspectives
L’après-midi thématique est introduit par 3 étudiantes en BTS ACD - Agronomie et cultures durables - du lycée, qui avaient assisté au témoignage de l’agricultrice béninoise, Dorcas Akouété, en novembre 2024, sur le contexte agricole béninois et son engagement pour les enjeux des agricultrices en particulier. Cette intervention a permis de proposer un projet aux élèves volontaires pour approfondir la situation des agricultrices en France et dans le monde.
• Lucie a interviewé plusieurs agricultrices du Doubs, de différentes générations, sur l’évolution de leur statut et de leurs conditions d’activité, ainsi que sur leur engagement en organisations professionnelles agricoles.
• Souha a présenté l’importance que revêtent les coopératives féminines pour l’inclusion économique des marocaines, ainsi que des exemples de politiques publiques visant à combattre le moindre accès des femmes aux facteurs de production.
• Myad a fait connaître les productions emblématiques de l’archipel des Comores et le caractère matriarcal de la transmission de la terre, qui passe de mère en fille, mais qui reste mise à mal par la faible sécurisation officielle du foncier.
Elles concluent ensuite en comparant les trois pays en matière d’accès des femmes à l’éducation et les freins à l’activité agricole. Trois présentations en une qui ont été saluées par les participants et qui ont donné lieu à des échanges avec les membres.
Kafui Kudité et Olive Amossou étaient présentes en visioconférence mais pour des raisons techniques seule Mme Kudité a pu s’exprimer. Elle a donc présenté le REJEPPAT des plateaux, sa raison d’être et ses services aux membres avant d’évoquer la prise en compte des agricultrices dans les OP togolaises. Le Rejeppat Plateaux compte au moins 4 femmes dans son CA et les femmes sont en général représentées dans les OP togolaises plus importantes par un collège dédié.
Laurence Henriot, Présidente de Bio Bourgogne Franche-Comté, a ensuite présenté son parcours ainsi que sa structure, OPA promotrice de la bio dans la région, affiliée à la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique et forte d’une quarantaine de salariés. D’abord salariée du GAB de Côte-d’Or, elle a souhaité rejoint le GAEC familial en 2011, avant de prendre la présidence du GAB, puis celle de Bio BFC pour un mandat à partir de 2020. Elle n’a pas ressenti de difficultés particulières en tant que femme malgré des préoccupations quant à son désir d’installation dans sa famille. Endosser ce type de responsabilités est passionnant et stimulant. Il reste néanmoins des défis pour tout mener de front, qui plus est dans une exploitation en circuits courts.
Chargée de la supervision de travaux et projets en lien avec les jeunes agriculteurs et les agricultrices pour le compte du Réseau Afdi, Agathe Henry a présenté la stratégie Genre du réseau et l’exemple du projet « ALFOP », dédié spécifiquement aux agricultrices, à leur alphabétisation et à leur prise de responsabilités dans les OP, au Tchad. En effet, de nombreuses statistiques montrent que les femmes, bien que très présentes dans la main d’œuvre agricole mondiale et notamment africaine, sont moins bien dotées en matière de foncier et facteurs de production tout en ayant un accès moindre à la formation et aux services d’appui. De plus, les partenariats de coopération tels que ceux menés par Afdi peuvent avoir des effets bénéfiques sur l’inclusion des femmes mais, mal pensés, ils peuvent avoir des effets pervers non anticipés. C’est pourquoi le réseau Afdi s’est doté d’une « Stratégie Genre » en 2023, pour mieux prendre en compte ces enjeux dans les partenariats et mieux les mettre en valeur dans les activités de communication et de sensibilisation en France.
Les échanges avec la salle se sont ensuite poursuivis librement, assortis de questionnements complémentaires lancés par l’animatrice sur les freins persistants à l’implication des femmes dans les organisations agricoles. La question de la légitimité et de l’importance d’avoir autour de soi des agricultrices de qui s’inspirer, et des espaces pour échanger a été abordée, par exemple via le témoignage de Laurence Henriot qui a présenté les initiatives de la FNAB pour outiller spécifiquement les agricultrices (espaces d’échanges, formations dédiées, etc.) En ce qui concerne Afdi, les bénévoles ont ainsi pu constater l’importance de tenir compte des dynamiques hommes-femmes dans le diagnostic de contexte et la conception d’un partenariat Afdi.