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Paysans sans frontières

Afdi Bourgogne Franche-Comté est une association composée de professionnels agricoles de toute la région oeuvrant :

  • dans plusieurs pays d'Afrique, pour soutenir les mouvements collectifs de paysans vers leur autonomie
  • en région BFC, pour la sensibilisation des professionnels et futurs professionnels agricoles sur les enjeux de développement agricole international

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Togo… or not Togo ?

Dans le cadre de l'ouverture de nouveaux partenariats dans le Doubs et la Saône-et-Loire, 5 bénévoles sont partis en mission du 1er au 11 octobre 2023 au Togo, afin de rencontrer des OP et choisir les deux OP qui deviendront les futurs parenaires d'Afdi dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Bernard Cretin, enseignant de l'enseignement agricole retraité, venant de Saône-et-Loire, nous livre ses impressions par un petit comparatif avec ce qu'il connait de la France. 

Togo... Or not Togo ?

Ou dit autrement, est-ce bien utile, que vous  « paysans sans frontières », vous envoliez ainsi encore en 2023 pour le Togo, rencontrer les paysans et paysannes togolais, qui, à l’évidence, se débrouillent très bien sans vous ?

C’est les questions qui ont été posées à leur retour aux 5 bourguignons-franc-comtois  (Rémi Briel, Didier Perrin, Michel Jeannot, Bernard Perrin et Bernard Cretin), par leur entourage, mais des questions qu’ils se sont aussi posées à eux-mêmes dès leur arrivée à Lomé le 2 octobre dernier, tant le dynamisme et la solidarité trouvés là les ont impressionné tout au long de ces 12 jours partis à la rencontre d’une douzaine d’organisations paysannes de ce petit pays « grand » (500 km du Sud au Nord) et « mince » (une centaine de km de large seulement) à la fois !

Car au-delà du choc des différences « attendues » que sont le climat, la couleur de peau ou le niveau de vie, c’est bien la différence de modèle agricole qui les a saisis le plus : en effet au Togo aujourd’hui, ils n’ont pas découvert une agriculture à l’image de celle de la France d’avant-guerre, qui serait prête à connaître à son tour le boom du modernisme : ils ont tout simplement découvert une « autre » agriculture, juste « différente !

Quelques-unes de ces différences par des  chiffres :

  • quand 3 % des agriculteurs du monde possèdent un tracteur, ils pouvaient se douter ne pas en voir beaucoup au Togo, et bien ils n’en n’ont pas vu … du tout (et même pas en commande !);
  • quand moins de 3 % (encore !) des actifs français sont des paysans, là-bas c’est 65 % des actifs togolais qui sont à la terre… du coup ils ont vu du monde dans les champs !
  • du monde aussi sur les routes ; la population du Togo a été multipliée par 4 depuis 1975, alors au bord de la route, les collégiens sur le chemin de l’école et sur (ou un peu au milieu des fois) de la route, les paysans sur leur moto chinoise (et les modèles électriques arrivent, elles coûtent 1 000 €, c’est à dire le même prix que les thermiques actuelles qui prennent à la gorge avec leurs fumées bleues…);
  • la résultante des 2 premiers chiffres (beaucoup de monde, et pas beaucoup de mécanisation) ça donne une surface par agriculteur faible évidemment : 1,2, 3 ha , même si quelques-uns cultivent beaucoup plus, avec beaucoup de journaliers, mais toujours pas ou peu de tracteurs;
  • quand 50 % des paysans français vont partir en retraite dans les 10 ans, avec toutes les questions existentielles qui en découlent, au Togo, le nombre de paysans continue à augmenter… et c’est encore plus vrai pour les paysannes : hé oui, au Togo, 1 paysan sur 2 est une paysanne ! (en France on est plutôt à 25 %)
  • un chiffre qu’ils n’ont pas trouvé précisément : le pourcentage de bio … mais ils l’ont vu de leurs yeux, car beaucoup de togolais font du « bio sans le savoir » comme ils disent, le prix des intrants étant souvent de toute façon trop élevé (mais certains togolais sont quand même bio en le sachant, avec même le logo AB de l’UE, certifié par Ecocert !)
  • peut-être un chiffre commun pour finir : le nombre de téléphone portables par paysan : proche de 1 (oui, 1 portable chacun!) dans les 2 pays et si, au Togo, les abonnements coûtent encore cher, beaucoup se rapprochent des bornes publiques de Wifi pour se connecter au groupe Whatsapp et se donner l’heure de la prochaine réunion du Rejeppat, le réseau des jeunes ariculteurs du Togo !

Et ça, ça a finit de les persuader que décidément, non, l’agriculture togolaise ne suivra pas, à l’évidence, le même chemin que celui suivi par l’agriculture française au XXème siècle ; elle brûle certaines étapes, et elle en saute carrément d’autres (la culture attelée, les tracteurs, les fermes « industrielles »,…)

L’agriculture togolaise suit donc son propre chemin, peut-être vers un modèle plus rapidement « agro-écologique » que le nôtre ? (même si une agriculture conventionnelle y est bien présente aussi, surtout dans les cultures d’exportation), et en tout cas plus solidaire : de toutes façons, l’entraide est quasi obligatoire pour s’en sortir.

Et ça finalement, c’est peut-être le vrai point commun entre nos 2 agricultures : la force de l’organisation paysanne collective qui l’a faite décoller après-guerre en France avec ses coopératives, syndicats, groupements, Cuma, Gaec, Safer etc...est sans doute comparable à celle qui monte au Togo avec ses Rejeppat (Réseau des jeunes producteurs et professionnels agricoles du Togo), ZAP (Zones d'Aménagements Agricoles Planifiées), RENAFAT (Réseau national des femmes agricultrices du Togo), etc. Tout ce monde chapeauté par la  CTOP (Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et de producteurs agricoles) qui a accueilli la délégation française.

En tout cas, le « bon » modèle c’est certainement celui qu’on invente soi-même, et c’est pour ça qu'Amele Delali Afansinou (jeune éleveuse de porc, membre du Rejeppat Maritime) et Afantchao Koudassé (jeune éleveur d'escargot, membre du Rejeppat Plateaux) sont venus voir nos Gaec et coopératives de BFC du 23 au 25 novembre, pour continuer à inventer le modèle paysan togolais du XXIème siècle !

 Alors ready To Go to TOGO ?!

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Togo... Or not Togo ?

Ou dit autrement, est-ce bien utile, que vous  « paysans sans frontières », vous envoliez ainsi encore en 2023 pour le Togo, rencontrer les paysans et paysannes togolais, qui, à l’évidence, se débrouillent très bien sans vous ?

C’est les questions qui ont été posées à leur retour aux 5 bourguignons-franc-comtois  (Rémi Briel, Didier Perrin, Michel Jeannot, Bernard Perrin et Bernard Cretin), par leur entourage, mais des questions qu’ils se sont aussi posées à eux-mêmes dès leur arrivée à Lomé le 2 octobre dernier, tant le dynamisme et la solidarité trouvés là les ont impressionné tout au long de ces 12 jours partis à la rencontre d’une douzaine d’organisations paysannes de ce petit pays « grand » (500 km du Sud au Nord) et « mince » (une centaine de km de large seulement) à la fois !

Car au-delà du choc des différences « attendues » que sont le climat, la couleur de peau ou le niveau de vie, c’est bien la différence de modèle agricole qui les a saisis le plus : en effet au Togo aujourd’hui, ils n’ont pas découvert une agriculture à l’image de celle de la France d’avant-guerre, qui serait prête à connaître à son tour le boom du modernisme : ils ont tout simplement découvert une « autre » agriculture, juste « différente !

Quelques-unes de ces différences par des  chiffres :

  • quand 3 % des agriculteurs du monde possèdent un tracteur, ils pouvaient se douter ne pas en voir beaucoup au Togo, et bien ils n’en n’ont pas vu … du tout (et même pas en commande !);
  • quand moins de 3 % (encore !) des actifs français sont des paysans, là-bas c’est 65 % des actifs togolais qui sont à la terre… du coup ils ont vu du monde dans les champs !
  • du monde aussi sur les routes ; la population du Togo a été multipliée par 4 depuis 1975, alors au bord de la route, les collégiens sur le chemin de l’école et sur (ou un peu au milieu des fois) de la route, les paysans sur leur moto chinoise (et les modèles électriques arrivent, elles coûtent 1 000 €, c’est à dire le même prix que les thermiques actuelles qui prennent à la gorge avec leurs fumées bleues…);
  • la résultante des 2 premiers chiffres (beaucoup de monde, et pas beaucoup de mécanisation) ça donne une surface par agriculteur faible évidemment : 1,2, 3 ha , même si quelques-uns cultivent beaucoup plus, avec beaucoup de journaliers, mais toujours pas ou peu de tracteurs;
  • quand 50 % des paysans français vont partir en retraite dans les 10 ans, avec toutes les questions existentielles qui en découlent, au Togo, le nombre de paysans continue à augmenter… et c’est encore plus vrai pour les paysannes : hé oui, au Togo, 1 paysan sur 2 est une paysanne ! (en France on est plutôt à 25 %)
  • un chiffre qu’ils n’ont pas trouvé précisément : le pourcentage de bio … mais ils l’ont vu de leurs yeux, car beaucoup de togolais font du « bio sans le savoir » comme ils disent, le prix des intrants étant souvent de toute façon trop élevé (mais certains togolais sont quand même bio en le sachant, avec même le logo AB de l’UE, certifié par Ecocert !)
  • peut-être un chiffre commun pour finir : le nombre de téléphone portables par paysan : proche de 1 (oui, 1 portable chacun!) dans les 2 pays et si, au Togo, les abonnements coûtent encore cher, beaucoup se rapprochent des bornes publiques de Wifi pour se connecter au groupe Whatsapp et se donner l’heure de la prochaine réunion du Rejeppat, le réseau des jeunes ariculteurs du Togo !

Et ça, ça a finit de les persuader que décidément, non, l’agriculture togolaise ne suivra pas, à l’évidence, le même chemin que celui suivi par l’agriculture française au XXème siècle ; elle brûle certaines étapes, et elle en saute carrément d’autres (la culture attelée, les tracteurs, les fermes « industrielles »,…)

L’agriculture togolaise suit donc son propre chemin, peut-être vers un modèle plus rapidement « agro-écologique » que le nôtre ? (même si une agriculture conventionnelle y est bien présente aussi, surtout dans les cultures d’exportation), et en tout cas plus solidaire : de toutes façons, l’entraide est quasi obligatoire pour s’en sortir.

Et ça finalement, c’est peut-être le vrai point commun entre nos 2 agricultures : la force de l’organisation paysanne collective qui l’a faite décoller après-guerre en France avec ses coopératives, syndicats, groupements, Cuma, Gaec, Safer etc...est sans doute comparable à celle qui monte au Togo avec ses Rejeppat (Réseau des jeunes producteurs et professionnels agricoles du Togo), ZAP (Zones d'Aménagements Agricoles Planifiées), RENAFAT (Réseau national des femmes agricultrices du Togo), etc. Tout ce monde chapeauté par la  CTOP (Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et de producteurs agricoles) qui a accueilli la délégation française.

En tout cas, le « bon » modèle c’est certainement celui qu’on invente soi-même, et c’est pour ça qu'Amele Delali Afansinou (jeune éleveuse de porc, membre du Rejeppat Maritime) et Afantchao Koudassé (jeune éleveur d'escargot, membre du Rejeppat Plateaux) sont venus voir nos Gaec et coopératives de BFC du 23 au 25 novembre, pour continuer à inventer le modèle paysan togolais du XXIème siècle !

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