
Nul besoin d’être un grand spécialiste pour deviner que l’avenir de nos deux continents est lié. Après les accords de Lomé en 1975, ceux de Cotonou plus libéraux en 2000 se prépare actuellement et sous présidence française de l’UE, un nouvel accord commercial et diplomatique.
Il était temps de la faire : la place de l’Union européenne s’érode progressivement sur le continent africain. Pourtant elle est toujours son premier partenaire commercial, son premier investisseur et son premier pourvoyeur d’aide. Face à cette situation, elle tente d’affirmer l’importance d’un partenariat d’égal à égal, principe qu’Afdi applique depuis longtemps à son niveau. Il s’agit de penser un « axe afro-européen » qui va bien au-delà des enjeux d’aide au développement ou de gestion des flux migratoires et qui permette aux deux continents d’envisager leur avenir commun. C’est un changement de posture de l’Europe concrétisé par ses outils de développement et de coopération qui deviennent aussi de « voisinage », par ses moyens renforcés sur les investissements et par une volonté de relation intercontinentale qui sort des accords de partenariats économiques (les fameux APE que les OP ont contestés)
Les priorités de ce nouvel accord en vue ? Transition verte et accès à l’énergie, transformation numérique, croissance et emplois durables, paix et gouvernance, migration et mobilité : L’agriculture n’apparait pas directement, mais de façon transversale alors qu’elle reste une base de développement dans un continent ou presque un emploi sur deux dépend de la production agricole. Il est pourtant décisif que l’Union africaine et l’Union européenne s’accordent sur une stratégie commune prenant en compte les enjeux de l’agriculture et de la ruralité pour l’emploi et la croissance économique, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et sur de multiples autres sujets prioritaires tels que la démocratie et la bonne gouvernance, l’environnement et la biodiversité, l’équité et l’inclusion, la migration et la sécurité. Ce sont là les sujets qui sont au cœur de nos échanges avec les organisations paysannes partenaires.
Afdi a donc travaillé en amont du Sommet Europe-Afrique du 18 février dernier pour faire des propositions concrètes (voir en-dessous). La FNSEA, à laquelle j’ai exposé la situation lors d’un CA, a repris et appuie nos propositions lors des négociations sur l’agriculture dans le cadre de cet accord.
A l’heure actuelle, dans le contexte de changement climatique et de guerre en Ukraine, alors qu’on parle de plus en plus de souveraineté alimentaire, les agriculteurs font entendre leur voix et ont des chances d’être mieux entendus. Être en capacité à la fois d’agir et de parler est un des atouts d’Afdi : les idées ont toujours plus de force transformatrice lorsqu’elles prennent racines dans des actions. Nos échanges paysans composent un bon terreau pour agir, proposer et faire grandir la vision du monde que nous souhaitons.
Voir les propositions détaillées dans le document complet Faire de la ruralité et de l'agriculture des piliers du partenariat Afrique-Europe. Un document de synthèse des discussions du sommet Afrique-Europe de février 2022 est également disponible